Gracile et aiguisée. Flottante et éveillée. Carole Masseport poursuit sa quête de vertige et de passion, se moque des tendances pour ne s’en remettre qu’à la spontanéité créatrice. Le précédent chapitre, A la fin de l’hiver publié en 2017, ordonnait la prise de pouvoir du sentiment amoureux et des teintes seventies de la basse. Avec En équilibre, la jeune femme n’a pas réprimé ses velléités d’aller plus loin et livrer un album studio qui puisse donner l’illusion d’être un classique instantané et intemporel.
Dotée de formations à portes d’entrée multiples – théâtre, gymnastique artistique, danse, chant lyrique, chanson – en liberté non surveillée durant quatre ans au sein d’un power punk-rock féminin, Carole Masseport jette des ponts vers d’autres rives. Soif d’apprendre. Soif de transmettre aussi. Depuis A la fin de l’hiver et une place de finaliste au prix Moustaki, elle a notamment intégré l’équipe des contributeurs du Chantier des Francofolies de La Rochelle en tant que professeur de chant et a accompagné de nombreux artistes.
Et puis, il y a cette date aux 3 Baudets à Paris où le spectateur JP Nataf, moitié des Innocents, la couvre de louanges à l’issue de son concert. Adoubement artistique doublée d’une complicité amicale. Il l’invitera plus tard en première partie, elle lui propose de partager ensemble un duo. C’est la chanson éponyme de l’album.
Introspective et nostalgique, Carole Masseport. Qui plonge dans les méandres de sa mémoire vive, feuilletant discrètement les pages d’un journal de bord bourrées d’instants sensoriels, d’émotions fugitives et de sentiments sensibles. Des amours, bien sûr. Celui qui réclame le droit à la seconde chance (A ma place), celui des rendez-vous manqués (On se remet de tout), celui des attentes géographiques (Rien n’y fera), celui de l’autodestruction (Cœur de dentelle), celui en forme de supplique à la mère (Si elle m’aime). Il y a là une fêlure qui ne s’avoue pas totalement, des regrets en pointillés, des maux croisés au détour d’un échec, une belle mélancolie latente à l’image du morceau d’ouverture qui s’accroche à la racine inépuisable Barbara.