Nourrie par les écrits de Mona Chollet, Titiou Lecocq ou encore Lauren Bastide, Auren se sent portée par un vent nouveau, féministe et contemporain, qui l’appuie dans ce bond textuel et musical. Cette fois-ci, elle change d’angle : dans une écriture à vif, elle laisse apercevoir les aspérités, posant sur les alentours son regard singulier, sans fard. Ainsi s’octroie-t-elle la légitimité de décrier l’ignorance politique, s’adressant à la Terre comme à une putain qu’on écrase dans Monde fini.
C’est par la collaboration avec Nicolas Dufournet, réalisateur, et Romain Galland, guitariste, que les textes ont rencontré musique et arrangements. Ses fidèles acolytes se sont cette fois-ci déplacés chez elle, au pied de la montagne. Autour du piano désaccordé de sa grand-mère, les textes d’Auren sont l’objet de tous les jeux ; les co-compositions engendrent le titre Au bord de la Nuit. Finalisé au studio Melodium à Paris, cette chanson donne le ton à ce que deviendra ce troisième album : un mélange de batterie syncopée, rappelant le funk de la Nouvelle Orléans, et de batteries électroniques. Des riffs et des nappes de crumar cuivrés, et un mix de contrebasse et de mini moog. Pour l’enregistrement, elle sera rejointe par Mathieu Denis (contrebasse et basse) et Scott Bricklin (claviers et batterie). La voix qu’elle y appose est tantôt chantée, tantôt parlée, et l’on y décèle les influences d’artistes urbains (Oxmo Puccino), de la scène française et internationale contemporaine (L’impératrice, Lana Del Rey) et de la chanson à texte (Souchon, Feu! Chatterton, Benjamin Biolay, les Rita Mitsouko).
Il s’est passé quelque chose est marqué par l’émancipation musicale, littéraire et thématique.
« J’ai trouvé la liberté avec les mots », dit-elle. Les mots ont été le support d’une sorte de colère créatrice. Ses textes, éminemment poétiques, trouvent leur ancrage dans des considérations fortes, politiques et sensibles, et c’est d’une voix nue et claire qu’elle les incarne avec grâce.
|