CLAUDE NOBS le Fondateur du Festival de Montreux nous a quitté

Claude Nobs, le fondateur et l’âme du Montreux Jazz Festival (MJF), est décédé jeudi, a indiqué le MJF sur son site internet, en lui rendant hommage (verbatim en encadré). Claude Nobs, 76 ans, était dans le coma au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne suite à une chute lors d’une balade à ski de fond sur les piste de Caux survenue pendant les Fêtes de Noël.

Une figure romande

L’accident s’était produit le 24 décembre. « Claude était tout seul sur la piste de fond des Greysalleys – un tracé à proximité de son domicile ne présentant pas de difficultés – quand il est tombé, dans la matinée. Il est ensuite rentré chez lui », avait alors indiqué Laurent Wehrli, syndic de Montreux.

Quelques heures plus tard, voyant combien il se sentait mal, ses proches ont appelé les secours. Il avait alors été héliporté au CHUV.

Patron d’un festival qu’il a fondé en 1967, Claude Nobs était une figure incontournable de Suisse romande. Ce passionné de musique et de nouvelles technologies avait su faire de son festival un événement internationalement connu.

L’hommage publié par le Montreux Jazz sur le réseau Twitter:

 

 

De la cuisine au jazz

Claude Nobs est né le 4 février 1936 à Territet (VD). A 17 ans, plutôt que de reprendre la boulangerie familiale, il choisit de devenir cuisinier. Après son apprentissage à l’hôtel Schweizerhof à Bâle, il travaille un temps au Centre des congrès de Zurich, où il a l’occasion d’écouter des artistes renommés tels que Duke Ellington ou Ella Fitzgerald.

L’Office du tourisme de Montreux l’engage ensuite comme comptable. « A cette époque, j’avais déjà l’idée utopique de monter un festival », racontait-il. Envoyé en prospection promotionnelle aux Etats-Unis, il débarque à New York. Il se rend dans les bureaux d’Atlantic Records et au culot obtient un entretien avec le directeur Nesuhi Ertegun.

Il y croise aussi Roberta Flack qu’il invite à Montreux pour chanter durant la « Rose d’Or », un festival d’émissions de télévision. Au milieu des années 1960, il sera le premier à faire venir les Rolling Stones en Suisse.

En photo avec Bastian Baker en 2012. [Laurent Gillieron - Keystone]En photo avec Bastian Baker en 2012. [Laurent Gillieron – Keystone]Création du MJF en 1967

Le Vaudois co-fonde le Festival de jazz de Montreux en 1967 avec le pianiste Géo Voumard et le journaliste René Langel, soutenus par le patron d’Atlantic Records. « Pour les trois jours de la première édition, nous avions fait 1200 entrées. Maintenant, ils sont 1200 à travailler pour le festival qui dure seize jours! », s’enthousiasmait l’âme du MJF.

La manifestation prend de l’ampleur, élargit sa palette musicale et gagne rapidement une notoriété internationale. Très tôt, les concerts sont enregistrés et les archives recèlent désormais des milliers d’heures de musique et d’images.

Au fil des années, la manifestation connaît de mémorables cuvées et voit défiler le gratin du monde de la musique: Count Basie, Miles Davis, James Brown, Quincy Jones, Ray Charles, Eric Clapton, Prince, David Bowie, Bob Dylan, Gilberto Gil, B.B. King, Oscar Peterson, Nina Simone, Leonard Cohen, Santana ou Keith Jarett.

Inspire Deep Purple

L’incendie du Casino de Montreux en 1971 marque un tournant. Lors d’un concert de Frank Zappa programmé en décembre – hors période du festival – un fan lance une fusée éclairante qui enflamme la salle.

L’événement fait quelques blessés et inspire Deep Purple venu à Montreux pour enregistrer un disque et donner un concert. Leur tube planétaire « Smoke on the Water » raconte cet incendie. Les paroles mentionnent « Funky Claude », référence à Claude Nobs se démenant pour aider le public à quitter le bâtiment en feu.

Le Vaudois a vu ses talents reconnus loin à la ronde. Docteur honoris causa de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), désigné « homme de l’année » en 2007 au Midem de Cannes, nommé commandeur dans l’ordre français des Arts et des lettres, il était aussi citoyen d’honneur des villes américaines d’Atlanta et de la Nouvelle-Orléans et bourgeois d’honneur de Montreux.

ats/lan

QUELQUES RÉACTIONS

Quelques minutes après l’annonce du décès de Claude Nobs sur le site internet du Montreux Jazz Festival, plusieurs artistes et acteurs du monde culturel ont posté des message en forme d’hommages, notamment sur Facebook et Twitter.- Mick Hucknall, Simply Red: « Very sad to hear this news.Music just won’t be the same without him. I’ve known him all through my career.Bless his soul. RIP Claude Nobs. »- George Clinton, jazzman américain: « We are #thankfulfor friend Claude Nobs. Rest in Power. He made Montreux Jazz Festival festival amazing. »

– Josh Weller, artiste britannique: « Claude Nobs, a true gentleman who invited me to a cheese fondue dinner with Chaka Kahn a few years ago. R.I.P Funky Claude. You are an icon. »

– Nile Rodgers, compositeur et producteur américain: « Claude Nobs RIP – A true friend from the beginning. I’m proud to have been with you at your last Festival. Always, Nile »

– Stanislas Wawrinka, tennisman vaudois: « RIP Claude Nobs. »

– Vincent Sager, directeur d’Opus One, orgnisateur de concerts: « Il y a comme un grand vide à Montreux, Claude Nobs était un très très grand monsieur, qui va manquer à la musique… »

– Arnaud Robert, spécialiste du jazz et collaborateur de la RTS: « Il était un enfant surdoué, le meilleur hôte qu’on ait connu, un faiseur de ponts et, oui, so funky. »

– Darius Rochebin, présentateur du Journal et de Pardonnez-moi sur la RTS: « Hommage à Claude Nobs, à ce qu’il a accompli et mémoire d’émissions touchantes sur ses souvenirs de Territet ou d’ailleurs. »

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