Marciac Jazz Festival
Marciac Jazz Festival
2024
Jazz in Marciac : pour tous les goûts et toutes les musiques
Du 18 juillet au 4 août, l’incontournable festival fera défiler des artistes de jazz, mais aussi d’inspirations très variées. Tour d’horizon non-exhaustif du Jazz in Marciac 2024.
Peut-être plus que jamais, l’éclectisme et la variété, qui sont depuis longtemps l’identité de Jazz in Marciac, n’auront été autant à l’honneur que pour cette édition 2024. La preuve avec la soirée d’ouverture, le 18 juillet, où deux formations américaines feront vibrer le chapiteau. Car en dépit de leur méga tube chanté en français, Sympathique (« Je ne veux pas travailler… »), Pink Martini nous vient de Portland. Ce qui n’empêche pas le groupe mené par la chanteuse China Forbes de jongler avec les langues comme avec les styles. Suivront Vulfpeck et leur funk ludique et joyeux, puissamment groovy, épicé de jazz fusion. A noter la présence sur scène du chanteur et guitariste Cory Wong, collaborateur régulier du groupe, que le public de Marciac a pu apprécier l’an passé en solo.
Hommages
A Marciac, on a la mémoire longue et quelques hommages ponctueront cette 46ème édition. Le 21 juillet, une soirée spéciale sera consacrée à l’immense pianiste Ahmad Jamal, décédé en 2023, avec tout d’abord le trio de Marcus Roberts (ex-pianiste de Wynton Marsalis) puis avec celui du chanteur et guitariste John Shannon. Enfin, une carte blanche offerte au batteur Herlin Riley et à Marcus Roberts rassemblera d’autres musiciens de premier plan – John Shannon évidemment, le grand percussionniste Manolo Badrena, le pianiste Shahin Novrasli (qui se produira en trio le 25 juillet), le saxophoniste George Coleman… – pour honorer la mémoire et l’œuvre de Jamal.
Voici vingt ans disparaissait Claude Nougaro et Jazz in Marciac n’oublie pas l’artiste toulousain qui lui aussi métissa son jazz de multiples influences. L’un de ses plus fidèles partenaires, l’accordéoniste Richard Galliano, présentera le 27 juillet le spectacle « New York Tango Trio ». Dans la foulée, la création « New’Garo » saluera l’auteur de Toulouse et de tant d’autres classiques à travers une formation d’une trentaine de musiciens et de chanteurs (parmi lesquels Souad Massi, Sanseverino, Jowee Omicil, Jacques Gamblin ou Ray Lema) qui revisitera le répertoire de l’enfant des Minimes. Quant à Kareen Guiock-Thuram, elle livrera le 29 juillet une version live de Nina, son album-hommage à Nina Simone.
Chanteuses
A propos de divas, les voix féminines auront la part belle dans cette édition 2024. Imany s’est fait connaître par sa voix profonde et ses étonnantes reprises. Avec son album Voodoo Cello, qui sera au cœur de son concert du 29 juillet, elle interprète des succès d’artistes très différents (Brel, Elton John, Black, Madonna…) en compagnie d’un ensemble de huit violoncelles. Dépaysement garanti.
Depuis ses débuts discographiques en 1997, la star américaine Stacey Kent puise régulièrement dans les standards et son disque Summer me, winter me, sorti en 2023, ne déroge pas à la règle. Francophone et francophile, la chanteuse passe là de Michel Legrand (La Valse des lilas) à Antonio Carlos Jobim (Corcovado) ou Jacques Brel (Ne me quitte pas). Qui dit mieux ? Personne, en tout cas le 23 juillet.
Les reprises seront également au rendez-vous du répertoire de Youn Sun Nah, le 1er août, puisque le dernier album de la chanteuse franco-coréenne, Elles, rassemble dix titres d’autres interprètes fameuses (Piaf, Grace Jones, Björk ou Roberta Flack) en piano / voix. Un autre concert marqué du sceau de l’éclectisme. A l’inverse, c’est un voyage dans sa propre et longue carrière (quarante ans) que proposera Angélique Kidjo, le 25 juillet, avec un show au cours duquel les plus grands succès de la Béninoise offriront l’occasion de savourer la diversité de ses inspirations.
Musiciennes
Qui faut-il d’abord saluer en Meshell Ndegeocello ? La chanteuse ou la bassiste ? On n’oublie pas non plus l’auteur-compositeur chez celle qui, depuis les années 1990, construit une œuvre en perpétuel renouvellement. Funk, rock, soul, jazz, trip-hop, rap, folk : l’Américaine se nourrit de tous les genres et son concert du 23 juillet pourrait bien être l’un des grands moments du festival. Autre virtuose de la basse : la Polonaise Kinga Glyk. Son nouvel album, Real Life, est un parfait cocktail jazz-rock avec quelques envolées synthétiques évoquant les formations de Chick Corea ou d’Herbie Hancock des années 1970. Dans le passé, la jeune musicienne s’était montrée aussi convaincante dans des reprises d’Eric Clapton (Tears in Heaven) que de Weather Report (Teen Town). A vérifier sur scène le 4 août.
Weather Report justement, on y songe à l’écoute du dernier disque de la remarquable pianiste Hiromi, Sonicwonderland, enregistré avec un nouveau groupe qui l’accompagnera à Marciac le 22 juillet. La Japonaise signe un superbe exercice de jazz fusion plein d’énergie et d’efficacité au sein duquel la trompette d’Adam O’Farrill fait des merveilles. Ces dernières années, la batteuse et compositrice française Anne Paceo n’a cessé d’élargir l’audience de son jazz teinté de world music et ne négligeant jamais les voix. A Marciac, le 30 juillet, elle dévoilera en avant-première son nouvel album.
Cinéma
« Sur l’écran noir de mes nuits blanches… », chantait Claude Nougaro dans Le Cinéma. Le septième art ne sera pas absent de Marciac avec le compositeur et pianiste italien Ludovico Einaudi dont les bandes originales pour Intouchables, Nomadland ou The Father ne sont pas passées inaperçues. Le 20 juillet, il revisitera son album In a Time Lapse à l’occasion du dixième anniversaire de sa sortie.
Dans la lignée de son album Rollin’, le trompettiste Erik Truffaz fera partager le 22 juillet sa cinéphilie musicale à travers le spectacle « Rollin’ & Clap ! » dans lequel il réinterprète avec ses musiciens ses thèmes préférés. Nino Rota (La Strada), Miles Davis (Ascenseur pour l’échafaud), Michel Magne (Les Tontons flingueurs), Ennio Morricone (Le Casse) ou Philippe Sarde (César et Rosalie) seront au générique d’un concert qui, pour le bonheur de tous, fera un détour par le petit écran pour une version de l’inoubliable thème de Amicalement vôtre signé John Barry.
Pointures
Pas de Festival de Marciac sans ces grands musiciens américains qui enchantent les amateurs de jazz depuis maintenant des décennies. On songe notamment à Kenny Garrett, immense saxophoniste que l’on découvrit aux côtés de Miles Davis avant qu’il ne mène une brillante carrière solo. Son très bel album Sounds from the Ancestors fournira la matière du concert du 31 juillet. Autre saxophoniste de renom, Chris Potter, qui a réuni pour son tout récent disque Eagle’s Point un éblouissant casting : Brad Mehldau (piano), John Patitucci (contrebasse) et Brian Blade (batterie). On les retrouvera le 20 juillet sous le chapiteau de Marciac (Johnathan Blake remplaçant Brian Blade derrière les fûts) pour un rendez-vous d’exception.
Ibrahim Maalouf est de ces artistes qui ne se répètent jamais. Son album Trumpets of Michel-Ange en atteste sans que le trompettiste ne fasse l’impasse sur les influences orientales irriguant son univers. Le concert du 30 juillet est lui aussi une belle promesse de cette édition 2024.
Soirée cubaine
Les musiques latino-américaines dans tout leur éventail font partie de l’ADN de Jazz in Marciac. Cette année, la soirée du 28 juillet se tournera vers Cuba et ses musiciens avec, dans un premier temps, une performance solo du pianiste Rolando Luna qui retrouvera ensuite, en compagnie d’Harold López-Nussa, autre fine gâchette du clavier, le groupe El Comité au sein duquel tous deux s’illustrent depuis plusieurs années et la création de ce collectif explosif à Toulouse.
La soirée se poursuivra en feu d’artifice avec le légendaire Chucho Valdés, fondateur en 1973 avec Arturo Sandoval et Paquito d’Rivera du mythique groupe Irakere. Pour célébrer le demi-siècle d’existence et de rayonnement de ces ambassadeurs universels de la musique cubaine, la trompette d’Arturo Sandoval sera de retour pour accompagner le piano de Chucho Valdés et les musiciens d’Irakere 2024.
Et pour quelques concerts de plus…
Eclectisme, disions-nous, à propos de l’esprit de Jazz in Marciac en général et de cette programmation en particulier. On ne sera donc pas surpris de voir et d’entendre, le 23 juillet, le quartet du saxophoniste Emile Parisien avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse sous la direction de David Greilsammer pour un concert spécialement conçu pour le festival. Changement de registre et de climat le 26 juillet avec Jools Holland et son grand orchestre. Véritable star en Grande-Bretagne et plutôt méconnu chez nous, le claviériste et fondateur du groupe-culte Squeeze est devenu une star grâce à son émission de télévision, « Later… With Jools Holland », où il a invité (et accompagné) les plus grandes stars internationales de la pop, du rock ou de la soul tout en révélant d’innombrables talents. Infatigable, Jools Holland se produit aussi sur scène. On parie que sa prestation gersoise sera une révélation pour beaucoup.
Ce même 26 juillet, le chanteur multi-instrumentiste Jacob Collier prendra le relais avec l’épatant groupe vocal Take 6. Le point commun entre ces artistes ? Ils furent repérés et produits par Quincy Jones et ont collectionné les Grammy Awards. Nous terminons ce tour d’horizon en opérant un énième grand écart musical avec Chris Isaak sur scène le 2 août. Le crooner, mêlant rock et soul, inoubliable interprète de tubes comme Blue Hotel ou Wicked Game, ressuscitera une musique américaine pétrie de mythes, de réminiscences, d’images. Un festival à lui seul…
> Brochure du Festival Jazz in Marciac
2021
Programmation par date | Jazz in Marciac
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2018
Après avoir allumé ses quarante bougies en 2017, c’est à se demander si Jazz in Marciac n’avait pas encore une réserve d’air frais pour souffler sur les braises encore chaudes de sa quadruple borne décennale. Diversité, décloisonnement, rencontres au sommet, découvertes sont les mots-clé de l’édition 2018, dominée par une stèle invisible et pourtant bien enchâssée dans le terreau du village : celle célébrant la création de la Nouvelle-Orléans il y a 300 ans ! Un peu comme si le multi-culturalisme et le bouillonnement musical du delta du Mississippi s’étaient symboliquement transportés entre deux collines gersoises pour un long mardi gras estival.
Si l’on s’accorde sur le lieu de naissance du jazz avant qu’il n’essaime plus au nord des Etats-Unis, puis dans le reste du monde, on oublie parfois que le creuset néo-orléanais intégrait déjà au début du XXe siècle des expressions musicales qui, loin de s’exclure, finirent par s’éclairer les unes par rapport aux autres pour donner naissance à ce premier collectif libre et organisé qu’était le style New Orleans : le point de départ d’une forme d’art majeur qui continue d’accueillir, dans sa quête de liberté musicale, tous ceux pour qui l’expression individuelle par l’improvisation prime sur les codes endogènes.
Comment expliquer autrement que Wynton Marsalis mélange son cuivre avec celui d’Ibrahim Maalouf, que le Quatuor Debussy s’encanaille avec Jacky Terrasson (à moins que ce ne soit l’inverse ?), que le groupe Airès défie les frontières entre baroque, classique et jazz, qu’entre le blues ressourcé d’Eric Bibb et la grande messe funk de Cory Henry souffle un seul et même esprit ? Il n’est pas jusqu’à l’Amérique pacifiée de Joan Baez ou les griffures latino-rock de Carlos Santana qui ne relèvent de cette dette, à laquelle ces deux artistes hors-normes souscrivent en venant jouer et chanter à Marciac.
Un simple village ? Plutôt une terre d’asile où un grain de folie a su abolir les murs, année après année.
Nous avons le plaisir de vous présenter le programme de la 39è édition de Jazz in Marciac qui se déroulera du 29 juillet au 15 août.
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