CARLOS SANTANA nouvel album
CARLOS SANTANA
2023
2019
Universal Music
Concord Music Group
CARLOS SANTANA
“Africa Speaks”
Sortie le 7 juin
Le guitariste iconique entouré de son groupe de virtuoses, et rejoint pour l’occasion par la chanteuse espagnole Buika, a enregistré 49 chansons en 10 jours sous la direction artistique du légendaire producteur Rick Rubin
Tout au long de sa carrière, le légendaire Carlos Santanaa accumulé les succès en proposant une fusion unique et avant-gardiste entre rock, musique latine et jazz. Dans son nouvel album, Africa Speaks, le guitariste (intronisé au Rock and Roll Hall of Fame depuis 1998) pousse encore plus avant ses expérimentations. Inspiré par les sons et les rythme de l’Afrique, le musicien signe là une œuvre puissante et véritablement mémorable qui s’annonce comme l’un de ses albums les plus révolutionnaires.
Pour Santana, Africa Speaks revêt une signification particulière du fait-même de son inspiration. “C’est une musique qui me tient particulièrement à cœur, et qui m’est tout sauf étrangère,” confesse-t-il. “Les mélodies, rythmes et grooves venus d’Afrique m’ont toujours inspiré. Ils font partie de mon ADN. Si tu puises ton inspiration à plusieurs sources, ça s’appelle de la recherche. J’ai recherché cette magnifique musique en arpentant les pays du continent africain. Ils ont quelque chose en commun qui leur est propre. C’est marrant parce que quand je joue en Afrique les gens me disent, ‘Hey, comment tu connais notre musique ?’ Et je leur réponds, ‘Comment pourrais-je ne pas connaître ce que j’aime ?’”
Pour réaliser pleinement ce qu’il ambitionnait de faire dans Africa Speaks, Santana a très vite pris conscience qu’il avait besoin de s’associer avec une autre personnalité capable de penser en dehors des chemins battus et il a fait appel au légendaire et iconoclaste producteur Rick Rubin. “Avant même de le rencontrer et d’échanger avec lui, je m’étais dit, ‘Ce projet va lui couper le souffle,’” se souvient Santana. “Je savais qu’il n’avait jamais fait quelque chose comme ça.” Quand Rubin a écouté les démos, sa réaction a été immédiate et spectaculaire : “Il m’a appelé et m’a dit, ‘Ces chansons sont comme des portes d’accès à la conscience des gens.’”
Le grand guitariste à la tête de son orchestre de huit musiciens (parmi lesquels sa femme, Cindy Blackman Santana, à la batterie), a investi le Shangri-La Studios de Rubin à Malibu, pour, en une dizaine de journées à la fois joyeuses et intenses, enregistrer un nombre incroyable de morceaux, pour la plupart en une seule prise. “Je ne m’en vante pas,” explique Santana, “mais on a mis en boîte 49 morceaux en 10 jours ! Ces chansons africaines vibrantes, dynamiques, exubérantes m’ont profondément touché et inspiré. Si Miles Davis ou John Coltrane avaient été en studio pour assister à la création de cette musique, ils m’auraient dit, ‘Bon Dieu! Comment tu as fait ça ?’”
Pour Santana travailler avec Rubin a été un enchantement : “Il a été très gentil et d’une grande discrétion. Il n’a jamais été négatif. Il avait confiance dans le projet et dans le fait que je voulais que les gens dansent sur cette musique et l’appréhendent de façon radicalement différente.”
Un autre élément essentiel à la dramaturgie particulière de Africa Speaksest venu de la présence de la chanteuse espagnole Buika, dont la voix céleste distille une sorte de magie tout au long de l’album. “Les gens vont être époustouflés quand ils vont l’entendre,” professe Santana. “Elle réunit dans sa voix Nina Simone, Etta James, Tina Turner, Aretha et bien d’autres encore.” Le guitariste était tellement impressionné par celle qui remporta le Latin Grammy Award du meilleur album en 2010 qu’il lui demanda d’écrire les paroles de ses nouvelles compositions. Santana se souvient : “Buika m’a dit, ‘J’ai écrit des paroles et des mélodies comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Je pleurais et je riais. La musique m’a possédé et m’a poussé à créer des choses en dehors de ce que j’avais l’habitude de faire.’ Et je lui ai répondu ‘Et bien, si c’est ce que ça t’a fait, imagine ce que ça va faire au public !’”
Africa Speaks est une expérience musicale magnifique qui génère tout du long une sorte de béatitude. Tout commence par le thème titre puissamment immersif, qui peut s’entendre comme une sorte de célébration mettant en valeur les lignes de guitare à la fois sauvages et chatoyantes de Santana engagées dans une danse joyeuse avec les congas, le piano un chœur vocal étincelant.
Sur le rythme effréné de “Batonga,” Santana s’engage dans une formidable improvisation free avec l’orgue Hammond B3 de David K. Mathews qui rappelle les débuts du groupe. “Cette chanson est offensive, elle porte des peintures de guerre,” rigole Santana. “Elle guérit de la paresse, de la complaisance, de tout ce marasme dans lequel les gens végètent. Elle redonne l’enthousiasme qui vous permet de retrousser vos manches et d’inviter d’autres personnes à vous rejoindre pour créer le paradis sur terre.”
“Oye Este Mi Canto” commence sur un mode sinueux et séduisant, avec la voix magique de Buika jouant avec les lignes de basse espiègles de Benny Rietveld. Puis le groove funk s’approfondissant, Santana allume un véritable feu de joie de guitare vaudou. “On n’est pas à Hollywood ou à Palo Alto,” remarque Santana. “C’est de musique africaine qu’il s’agit. C’est ce face à quoi Jerry Garcia ou Michael Bloomfield auraient pu dire : ‘Je veux un peu de ça dans ma musique !’ Eh bien, vous l’avez en vous.”
Toutes les chansons peuvent a priori être jouées dans un amphithéâtre,” observe Santana. “Certaines comme ‘We Will Rock You’ ou ‘Start Me Up,’ sont vraiment faites pour ça.” C’est probablement la meilleure façon de décrire “Yo Me Lo Meresco,” un authentique tour de force dans lequel Buika démontre à quel point elle est capable de faire chavirer un stade. Santana en personne se met au niveau de la ferveur de la chanteuse, délivrant un solo de guitare de trois minutes d’une splendeur hors du commun. Le guitariste se montre également exceptionnel sur “Breaking Down the Door,” un carnaval musical sexy et fringant qui devrait s’imposer comme un morceau incontournable en concert dans les années à venir. Les lignes légères et virtuoses de la guitare solo de Santana se mêlent aux textures de l’orgue de Matthews tandis que les sonorités émouvantes des cuivres convergent avec les percussions et les voix, pour mener l’auditeur dans un état de béatitude ultime.
Au fur et à mesure que l’on progresse dans l’album, les trésors se succèdent : “Blue Skies,” dans les chœurs duquel figure la chanteuse britannique Laura Mvula, est un chef-d’œuvre de jazz-rock qui s’enchaine majestueusement avec le super-funky “Paraisos Quemados” – mettant en lumière l’extraordinaire complémentarité collective de l’orchestre illustrée notamment par la façon dont se répondent les impeccables lignes de basses de Rietveld et la guitare de velours de Santana.
Les solos surnaturels du guitariste, axés principalement sur l’utilisation de la pédale wahwah, prennent leur envol aussi bien sur le groove martial de “Los Invisibles” que sur celui beaucoup plus légers et hyper dansant de “Luna Hechicera,” mettant particulièrement en valeur le jeu de batterie étincelant de Cindy Blackman Santana soutenu par les percussions de Karl Perazzo.La qualité rythmique hallucinante de l’orchestre se révèle dans toute sa splendeur sur l’énergétique “Bembele” ainsi que dans les grooves pleins de grâces distillés sur “MientrasTanto,” sur lesquels Santana s’engage dansun dialogue hautement spirituel avec les chanteurs Ray Greene et Andy Vargas.
Africa Speaks culmine avec un morceau épique intitulé “Candombe Cumbele.” Tandis que Cindy Blackman Santana fait des merveilles avec sa batterie et que Buika dirige un chœur vocal exultant, le guitariste se joue du temps et de l’espace avec une virtuosité hors du commun, explorant les moindres recoins du spectre sonore de son instrument. C’est le final à donner la chair de poule que méritait ce voyage musical unique en son genre.
“Cette chanson captive et cristallise le moment où le sortilège est à son plus haut degré d’intensité, ”résume Santana. “Certains artistes comme Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan deviennent des forces de la nature quand ils jouent. C’est comme voir une tornade arriver sur vous. C’est ce à quoi cette musique aspire, saisir cet espace où le métaphysique et le physique ne font plus qu’un, et pour en arriver là il ne faut pas craindre d’avoir recours à la magie.”
Recomposer dans un album de 11 titres les 49 morceaux que le groupe avait enregistrés en l’espace de 10 journées de travail ininterrompu n’était pas une mince affaire mais Santana, riche désormais de 50 ans d’une carrière remarquable, est parvenu à le faire avec Africa Speaks, posant un regard neuf et constamment stimulant sur son univers avec ce qui restera à n’en pas douter l’une de ses œuvres les plus importantes et mémorables.
“Ce disque devait exister,” conclut-il. “Ça a été comme un cadeau qui m’est tombé du ciel et qu’il nous était demandé de diffuser auprès du plus grand nombre. C’est une musique par laquelle nous redonnons sens à la vie des gens en les touchant à travers une grande variété d’émotions – il y a de l’humour, de la beauté, de la grâce et de la compassion pour la condition humaine. Nous avons hâte de jouer cette musique sur scène l’année prochaine.”