L’haïtien Érol Josué est un extraordinaire chanteur, danseur et chorégraphe. Son chant incantatoire et son groove contagieux incarnent de manière radicale la modernité du vaudou.
Chaque création est un vertige, un télescopage surréaliste de temps et de géographies à l’image des esprits qui l’habitent. Pelerinaj est un voyage tout à la fois sacré, intime et festif à cheval sur plusieurs continents. Cette production assurément plurielle, mosaïque est à entendre au sens premier du terme : un pèlerinage, un périple de plus de 10 ans d’expérience où chaque pas peut être facteur d’inconnu, d’aventure nouvelle. En effet, Erol Josué, n’avait pas sorti d’album depuis 2007 et cet opus est volontairement une oeuvre à multiples entrées, ne répondant pas à une signature de production homogène mais rassemblant de nombreux artistes – sculpteurs de son, enregistrés au fil du temps, comme Philippe Cohen Solal (Erzulie), Jacques Schwarz-Bart et Ben Zwerin (Gédé Nibo, Chango), Mark Mulholland (Badji, Kafou), Ronald Cauvon (Ati sole), Arthur Simonini (tchebe tchebe) ou encore le producteur américain Charles Czarnecki qui assure notamment le mixage des collectages sonores traditionnels au Bénin et en Haïti.
Du vibrant hommage à la déesse de l’amour (« Erzulie ») à celui dédié à la foudre version deep electro (« Ren Sobo a »), des murmures intimistes (« Tchébé tchébé ») au vacarme grouillant de la banlieue sud de Port-au-Prince (« Kafou »), tout prouve que cet artiste, qui est aussi « houngan » (prêtre vaudou) et anthropologue, est autant à l’aise avec les incantations traditionnelles des choeurs de femmes de son temple familial, qu’avec les caïds de la scène house de New York.
Toute la force (et l’urgence) du contexte haïtien à lui seul est là, pour une expérience unique à savourer avec les dix-huit titres de l’album Pelerinaj.
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