Exposition de photographie de Clark et Pougnaud « Levers de rideau » du 14 Janvier au 26 Mars 2022

Clark et Pougnaud

Exposition de photographie de Clark et Pougnaud « Levers de rideau » du 14 janvier au 26 mars 2022 // Le Parvis Espace Culturel E.Leclerc Tempo à Pau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TEXTE DE PRESENTATION
Clark et Pougnaud travaillent ensemble depuis 22 ans. Ce couple d’artistes
français crée à quatre mains un univers issu du mélange de la peinture, de la
photographie et de la scénographie.
Virginie Pougnaud est peintre ; son inspiration vient du théâtre, des décors de
scène. Elle réalise les maquettes dans lesquelles viennent s’insérer les
photographies des personnages. Photographe et magicien de l’image,
Christophe Clark dompte la lumière dans son studio. Ils conservent une
approche traditionnelle dans leurs photographies tout en se servant d’outils
numériques.
Ces deux artistes ont mis en commun leurs compétences pour installer un
théâtre de la solitude aux références picturales assumées et revendiquées. Ils
rendent, à travers le thème de l’être seul, hommage aux artistes qui ont
produit, sur ce sujet, des icônes célèbres… Edward Hopper, Le magicien d’Oz,
les contes de fées, le cinéaste Jacques Demy sont ainsi convoqués pour
produire cette imagerie acidulée, pleine d’esprit et d’intelligence culturelle.
Leurs images racontent une histoire et c’est aux visiteurs de s’en emparer et
d’inventer la leur.
D’une seule voix, le duo explique : « Il y a souvent un malentendu sur nos
photographies : l’apparente mélancolie est en réalité la source de notre
bonheur. Le vide est plein de promesses, l’absence est l’attente d’un retour, le
silence est un murmure qui apaise, et, sous la banalité, se cache le
merveilleux.»
Ils ont reçu la mention spéciale du prix Arcimboldo en 2000, suivi d’une
première exposition à la Maison Européenne de la Photographie et ont été les
lauréats de la Fondation photographique HSBC en 2006.

Clark et Pougnaud sont représentés par la Galerie XII Paris.

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DÉTAILS D’ŒUVRES

Agnès © Clark & Pougnaud – Galerie XII Paris

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Hélène © Clark & Pougnaud – Galerie XII Paris

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L E MOT D E MARC BELIT ,
LE DIRECTEUR ARTISTIQUE

Il y a bien peu d’artistes (il y en a tout de même) dont le territoire
photographique a pour objet la peinture comme telle. Il était donc tentant de
présenter deux artistes français qui travaillent ensemble depuis plus de vingt
ans sur ce sujet, proposant des « séries » dont celle concernant « L’hommage
à Edward Hopper » leur vaudra la notoriété après sa présentation à la Maison
Européenne de la Photographie et l’obtention en 2006 du prestigieux prix de la

fondation HSBC. Ils sont aujourd’hui présentés par la Galerie XII de Valérie-
Anne Giscard d’Estaing à Paris, Los Angeles et Shangai.

Voici un photographe et un peintre : Christophe Clark et Virginie Pougnaud qui
se sont « trouvés » sur un sujet commun, dans un travail commun. Virginie
conçoit les univers, les met en scène, fabrique et peint les décors en modèle
réduit, Christophe photographie les personnages qui vont les habiter puis les
insère dans le décor. Travail illusionniste dans l’esprit des artistes de la
première moitié du XX° siècle : les surréalistes en tête, mais aussi tous ces
créateurs du cinéma d’animation. À ceci près qu’ici l’image est fixe et devient «
tableau » à son tour ; « Picture » et non « Movie » comme aurait dit Orson
Welles.
Dès lors que la technique est trouvée, s’ouvre l’univers des références :
Edward Hopper, on l’a dit, mais aussi De Chirico, Hammershoï, peintre danois
de la fin du XIX° siècle (Lost in meditation), les tableaux de Félix Valloton ou
Edgar Degas (Histoire d’amour) ou encore Matthieu Borgeaud, des images de
cirque commandées par le musée de l’image à Épinal et des références à la
comédie musicale. Autant de thèmes qui suggèrent un parcours du regard.
Virginie Pougnaud est un peintre qui dialogue avec la peinture, à distance de
celle de ses devanciers, sans pastiche ni copie. Mais en changeant de
médium, elle installe un doute, une hésitation, renouvelle le regard
efficacement relayé par la photo parfaite de Christophe Clark.
On remarquera que la plupart de ces photos, si l’on excepte la série « Fetish »
(dont on expose la quasi-totalité), sont peuplées de personnages, un ou deux,
guère plus. Ce sont des univers habités, on pourrait dire des « solitudes
hantées de présence » ; on est dans l’espace mental davantage que dans le
réel. Les tableaux d’Hopper nous en donnent le code. Ces gens sont saisis
dans un moment d’attente, de suspens, comme si soudain la vie s’était
arrêtée, chacun peut percevoir cela.
Les femmes y sont omniprésentes, comme dans la série « Lost in meditation
», mais aussi dans « le secret », la série « Immobilis », « intimité », ou encore

« blondes ». Des femmes saisies entre la posture métaphysique et le roman-
photo, entre le sublime et le kitsch, en équilibre instable, insaisissables ou

prévisibles, incertaines, énigmatiques plutôt. Ce n’est pas leur expression qui

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nous renseigne, c’est plutôt la lumière que le photographe ajoute en studio qui
recrée l’ambiance et suggère le sens. Énigme poétique en somme qui ne peut
se résoudre que dans l’œil de ceux qui regardent.
Nous sommes au théâtre, dans un théâtre des images, le rideau vient de se
lever sur un décor. Moment prodigieux, moment heureux parfois lorsque le
théâtre fait appel à des plasticiens pour un décor (ça arrive souvent). La
première image dit tout (songeons à Bob Wilson, à Klaus-Michaël Grüber, à
Giorgio Strehler, à Patrice Chéreau) l’image fixe l’univers mental dans lequel
le metteur en scène donne à lire le texte qu’il interprète et propose au
spectateur. C’est pourquoi nous n’avons pas trouvé meilleur titre que celui qui
vient du théâtre pour présenter cette exposition : « levers de rideau ». D’une
certaine façon, nous sommes au théâtre, au théâtre de la mémoire ou de
l’imagination.
C’est de la photo mise en scène, à chacun de la nourrir de ses rêves propres
dès lors qu’on cherche à leur donner vie, à saisir la vie derrière l’image. C’est
un peu comme (mais c’est autre chose aussi) lorsqu’on retrouve de ces
vieilles photos de famille sépia aux bords frangés dans des encadrements
sous verre, brillants du vernis de leur cadre et qu’on voit apparaître des
ancêtres saisis dans la pose des premiers photographes. On se demande
toujours quels rêves les habitent, ce qui se cache derrière le sérieux de leurs
images fixes ?
En un sens, ici, la photo exprime moins le réel qu’elle ne se donne elle-même
comme art au second degré. Voilà ce que dit la photo lorsque son objet en est
l’art plastique. La photo en tant qu’artificialité fondée sur l’optique et ses
illusions va-t-elle plus loin que le monde restitué sur le tableau par la main
d’un artiste ? Ceci est intéressant et singulier.
Et puis, que nous dit la photographie mise en scène, dès lors que la gravité
vient en inquiéter la légèreté ?
Ce n’est pas à un programme d’exposition de répondre à cette question, il faut
laisser le visiteur et l’image face à face. C’est là et là seulement que se produit
l’alchimie secrète du regard. C’est là que se produit la rencontre.

Marc Bélit

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