JERRY LEE LEWIS
Jerry Lee Lewis, né le à Ferriday (Louisiane) et mort le 28 octobre 2022, est un chanteur–pianiste américain de rock ’n’ roll, rockabilly, gospel1, honky tonk1, blues2 et de country.
Pionnier et demeurant — depuis la mort de Little Richard — l’un des derniers représentants du rock ’n’ roll avec Wanda Jackson, Jerry Lee Lewis, surnommé « The Killer », impose un style rapide et énergique, tant au piano qu’au chant, livrant des prestations scéniques électriques, n’hésitant pas à frapper le clavier avec ses poings ou ses talons, ou même à jouer debout. Volontairement provocateur et outrancier, il va jusqu’à mettre le feu à son piano à la fin d’un concert, ce qui forge sa réputation de « bad boy » du rock ’n’ roll.
Plusieurs de ses titres sont devenus des classiques comme Great Balls of Fire, Whole Lotta Shakin’ Goin’ On, High School Confidential, Breathless, It’ll Be Me ou sa version de What’d I Say.
Sa vie parsemée d’excès en tous genres (de ses consommations d’alcools et de drogues à son mariage avec sa cousine de 13 ans), ainsi que sa carrière décisive dans l’histoire du rock ont fait l’objet en 1989 d’un film intitulé Great Balls of Fire! avec Dennis Quaid dans le rôle du chanteur.
Personnalité majeure de l’histoire du rock, Jerry Lee Lewis a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame dès sa création en 1986 et récompensé par un Grammy du couronnement d’une carrière en 2005 pour l’ensemble de son œuvre. Il continue encore aujourd’hui ses tournées à travers le monde. Bruce Springsteen déclare à son sujet en 19953 :
« This Man doesn’t play Rock’n’Roll. He is Rock’n’Roll!4 »
Jerry Lee Lewis est par ailleurs le dernier survivant du Million Dollar Quartet (1956) mais aussi de l’album Class of ’55 (1986).
Biographie[modifier | modifier le code]
Né dans une famille pauvre, Jerry Lee Lewis développe sa propre approche, féroce, du piano dès l’âge de 10 ans, synthétisant les sons du boogie-woogie qu’il écoute à la radio avec le rhythm and blues du Sud qui émane du Haney’s Big House, un « juke joint » (boîte de nuit où se joue le Delta blues dans le delta du Mississippi), propriété de son oncle.
Il a une sœur, Linda Gail Lewis, qui est aussi chanteuse et pianiste du même genre musical.
Jerry Lee Lewis est plus tard inscrit par sa mère au Southwestern Bible College (une université chrétienne) à Waxahachie, au Texas, mais il n’y reste pas très longtemps. En rassemblant des éléments de rhythm and blues, de boogie-woogie, de gospel et de country dans un son qui n’appartient qu’à lui, Jerry Lee Lewis devient membre à part entière de la scène rock’n’roll émergente qui est en train de supplanter les grands orchestres de musique populaire.
Après avoir quitté l’école, il occupe de petits emplois et se marie deux fois.
En 1956, il commence à enregistrer chez Sunn 1,6, à Memphis (Tennessee). Il y rencontre des artistes comme Carl Perkins, Johnny Cash ou encore Elvis Presley.
Il stupéfie par sa culture musicale et son énergie. Il danse devant son clavier et sur son piano. Avec les sorties de Whole Lotta Shakin’ Goin’ On et de Great Balls of Fire en 1957, le flamboyant jeune rockeur s’impose dans les pop charts, rhythm and blues et country7 et débarque sur les écrans pour des rôles performances dans les films High School Confidential et Jamboree. Voyant Jerry Lee Lewis sur scène, Elvis Presley déclare que s’il pouvait jouer du piano comme lui, il arrêterait de chanter.
Jerry Lee Lewis épouse Myra Gale Brown en . La révélation de la nouvelle dans la presse déclenche un scandale qui affecte profondément la carrière de Lewis. En effet, la jeune fille, qui n’a que 13 ans, est sa cousine germaine ; de plus le « Killer », qui n’a pas réglé son précédent divorce, est toujours officiellement marié. Il est critiqué et poursuivi pour bigamie, ses cachets s’effondrent, ses disques se vendent moins, le public vient à ses spectacles pour le huer. Il reste marié treize ans à Myra. Ils ont ensemble deux enfants, Steve Allen Lewis (–) et Phoebe Allen Lewis (1963). À l’âge de trois ans, Steve Allen se noie dans une piscine.
Jerry Lee Lewis a eu au moins cinq enfants. En 1973, son fils aîné Jerry Lee Lewis Jr. meurt à 19 ans à la suite d’un accident de voiture, à bord d’une Jeep qu’il conduisait8. Parmi ses autres enfants, on compte un fils, Jerry Lee Lewis III, et deux filles, Phoebe Allen Lewis et Lori Lewis.
Le , il fait une prestation remarquable lors d’un concert au Toronto Rock and Roll Revival Festival, aux côtés de Chuck Berry, Little Richard, Bo Diddley, John Lennon et Yoko Ono. Il revient en grâce aux alentours des années 1970 et enregistre tout au long de sa carrière une quantité importante de disques.
Personnalité écorchée vive, buveur, consommateur de drogues, marqué par de nombreux drames familiaux et démêlés avec la justice, Jerry Lee Lewis cultive le goût de la provocation et du paradoxe. Il affirme, entre autres, que le rock ’n’ roll n’a été pour lui qu’un moyen de gagner de quoi enregistrer des disques de country, sa véritable passion.
Depuis le début, la confiance irrépressible, voire arrogante, et l’insatiable énergie de Jerry Lee Lewis lui ont valu un nombre incalculable de fans mais autant d’ennemis. Sa carrière est jalonnée d’exploits et de scandales : il est le premier « Bad Boy », une des légendes du rock ’n’ roll et a préparé le terrain pour tous les suivants.
Carrière[modifier | modifier le code]
Discographie[modifier | modifier le code]
Grands succès[modifier | modifier le code]
Parmi sa volumineuse discographie (plusieurs dizaines d’albums, en comptant les albums publics et compilations), il convient de citer les morceaux qui sont devenus des classiques :
- Whole Lotta Shakin’ Goin’ On (1957)
- Great Balls of Fire (1957)
- Breathless (1958)
- High School Confidential (1958)
- What’d I Say (1961)
- Chantilly Lace (1972)
- Last Man Standing (2006)
- Live at the Star Club, Hamburg (1964) est considéré par de nombreux critiques comme le meilleur album enregistré en concert de l’histoire du rock ’n’ roll9,10,11,12,13.
Filmographie[modifier | modifier le code]
Comme acteur[modifier | modifier le code]
- 1957 : Jamboree (en), de Roy Lockwood (en)
- 1958 : Jeunesse droguée (High School Confidential), de Jack Arnold
- 1965 : Be My Guest (en), de Lance Comfort
- 1969 : Sweet Toronto de D.A Pennebaker
- 1978 : American Hot Wax (en), de Floyd Mutrux
- 1992 : Le Cadeau de la rentrée (clip Great Ball of fire avec Dorothée)
Film biographique[modifier | modifier le code]
- 1989 : Great Balls of Fire!, (de Jim McBride)
- 2022 : Ethan Coen, Jerry Lee Lewis Trouble in Mind
Adaptations[modifier | modifier le code]
- En 1989, le film Great Balls of Fire!, de Jim McBride, avec Dennis Quaid et Winona Ryder, retrace la première partie de sa vie et son ascension fulgurante.
- En 1999, la comédie musicale intitulée Great Balls of Fire, avec Billy Geraghty reste à l’affiche toute l’année à Londres.
- En 2007, Yves Charreton et sa Compagnie de théâtre Le fenil hirsute dressent sa biographie dans le spectacle Hellfire (Feu d’enfer) au Théâtre des Ateliers de Lyon, d’après la biographie de Nick Tosches, Hellfire.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Notes
- Un disque enregistré en 1952 dans le studio J&M de Cosimo Matassa à La Nouvelle-Orléans a été récemment découvert en Louisiane.
- Références
- (en) Cub Koda, « Jerry Lee Lewis » [archive], sur le site allmusic.com (consulté le ).
- (en) « Jerry Lee Lewis biography » [archive], sur le site biography.com (consulté le ).
- (en) Dave Tianen, « Rock hall’s gig links generation », Milwaukee Journal Sentinel, , p. 11 (lire en ligne [archive]).
- Traduction : « Cet homme ne joue pas du rock’n’roll. Il est le rock’n’roll ! »
- (en) no 24 sur Beale Street Walk of Fame [archive].
- (en) Asa Hawks, « Cajun Pawn Stars uncovers lost Jerry Lee Lewis recording from 1952 » [archive], sur le site starcasm.net, (consulté le ).
- « Memphis, la musique en héritage » [archive], sur Radio France, (consulté le )
- (en) « Son of Jerry Lee Lewis Dies In Mississippi Car Crash » [archive], sur nytimes.com, (consulté le ).
- (en) Stephen Thomas Erlewine, « Jerry Lee Lewis Live at the Star-Club, Hamburg » [archive], sur le site allmusic.com (consulté le ).
- (en) Peter Checksfield, Jerry Lee Lewis : The Greatest Live Show on Earth, vol. 188, Record Collector, , p. 79
- (en) Miles Milo, « Live at the Star Club, Hamburg [Bear Family] Jerry Lee Lewis » [archive], (consulté le ).
- Q Magazine, #1, 2002, p. 59.
- Mojo, 3/01/2004, p. 52.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Benoît Bonte, Jerry Lee Lewis, Éditions BD Jazz, , 32 p.
- (en) Nick Tosches (trad. de l’anglais par de l’anglais par Jean-Marc Mandosio, préf. Greil Marcus), Hellfire, Paris, Éditions Allia, , 237 p. (ISBN 2-84485-076-6, lire en ligne [archive])
- (en) Joe Bonomo, Jerry Lee Lewis : lost and found, Continuum International Publishing Group, , 208 p.
- (en) Jimmy Gutterman, Rockin’ My Life Away : Listening to Jerry Lee Lewis, Nashville, Rutledge Hill Press,
- (en) Jimmy Gutterman, The Jerry Lee Lewis Anthology : All Killer, No Filler, Rhino Records,
- (en) Myra Lewis et Murray Silver, Great Balls of Fire : The Uncensored Story of Jerry Lee Lewis, William Morrow/Quill/St. Martin’s Press,
- (en) Joel Whitburn, The Billboard Book of Top 40 Hits,
- (en) Rick Bragg, Jerry Lee Lewis : His Own Story, Édimbourg, HarperCollins, , 491 p. (ISBN 978-0-85786-158-0)
Liens externes[modifier | modifier le code]
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