Claudio Abbado est un chef d’orchestre italien, né le à Milan et mort à Bologne1 le .
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Biographie[modifier | modifier le code]
Les débuts[modifier | modifier le code]
 l’âge de sept ans, il a un coup de foudre en entendant le deuxième Nocturne Fêtes de Debussy interprété par Antonio Guarnieri à la Scala. À ce moment-là, il sait définitivement ce qu’il devrait faire, à savoir chef d’orchestre2. Après des études au conservatoire de Milan, au cours Carlo Zecchi àSienne, c’est à Vienne qu’il se perfectionne à la direction d’orchestre avec Hans Swarowsky et participe dans les chœurs aux concerts de l’Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par les plus grands, Hermann Scherchen, Josef Krips, Bruno Walter ou Herbert von Karajan.
En 1958, il remporte le concours Koussevitzky à Tanglewood.
Il débute à la Scala de Milan en 1960.
Le prix Dimitri Mitropoulos de l’Orchestre philharmonique de New York (1963) et son travail avec Leonard Bernstein marquent le début de la grande reconnaissance.
En 1965, à Salzbourg, ce sont les prémices de son parcours avec l’Orchestre philharmonique de Vienne et avec Gustav Mahler (avec sa Deuxième Symphonie dite « Résurrection ») et avec l’Orchestre symphonique de Londres.
Ses premiers enregistrements sont publiés en 1967 chez Decca et Deutsche Grammophon.
La Scala[modifier | modifier le code]
De 1968 à 1986, il est directeur musical de l’Orchestre du théâtre de La Scala de Milan.
Artiste engagé et impliqué dans son temps, il collabore avec Paolo Grassi et les plus grands metteurs en scène tels Giorgio Strehler, Youri Lioubimov, Jean-Pierre Ponnelle et Andrei Tarkovski ; ses prises de positions contre l’intervention américaine au Viêt Nam ou contre l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie lui valent l’inimitié d’une grande partie de la classe politique. Malgré tout, cette période de treize années sera la plus riche de l’institution italienne : l’approche musicale du chef italien va faire merveille dans les opéras de Giuseppe Verdi montés alors, de Macbeth, Simon Boccanegra, Aida, Un Bal masqué à Don Carlos.
Avec son ami le pianiste Maurizio Pollini, puis plus tard avec Rudolf Serkin, une de ses préoccupations est de démocratiser l’accès à la musique pour les auditeurs, mais aussi pour les jeunes musiciens, pour lesquels il créera, entre autres, l’Orchestre de jeunes de la Communauté européenne, l’Orchestre de jeunes Gustav Mahler, s’investira dans sa fonction de directeur artistique de l’Orchestre de chambre d’Europe ou dirigera l’Orchestre national des jeunes Simón Bolívar du Venezuela.
Milan, Londres, Vienne[modifier | modifier le code]
De 1978 à 1986, comme chef principal du London Symphony Orchestra, il trouve un instrument idéal pour son éclectisme musical, une période d’une Carmen de Georges Bizet exceptionnelle.
De 1986 à 1991, il occupe le poste de directeur général de l’Opéra de Vienne, avec l’Orchestre philharmonique de Vienne, où il dirige Verdi, Beethoven, Schubert, Berg, Rihm, Nono, Kurtág, Debussy etc.
Berlin[modifier | modifier le code]
Il est élu chef principal de l’Orchestre philharmonique de Berlin en 1989.
Il va au cours de cette période élargir le répertoire de cet orchestre, rajeunir l’effectif et l’esprit de groupe. Le son de l’orchestre va évoluer vers plus de clarté sur le plan horizontal et vertical, les musiciens vont utiliser des instruments remis à la mode par le courant du renouveau de l’interprétation de la musique baroque, ouverture qui sera poursuivie par son successeur, Simon Rattle. Il ré-enregistrera ses œuvres fétiches, complétant sa discographie avec des œuvres de Ludwig van Beethoven, de Johannes Brahms en passant par Gustav Mahler, mais aussi de Franz Schubert, Robert Schumann ou Modest Moussorgski. Il ouvre également le répertoire du Festival de Pâques de Salzbourg, où il ne succède à Karajan au poste de directeur musical qu’en 1994. La maladie l’éloigne de l’orchestre, à son retour au faîte des honneurs et de la gloire, malgré les pressions commerciales il décide de quitter l’orchestre en 2002, et le retrouve pour un concert annuel qui est un grand moment comme en témoignent divers enregistrements.
Il dirige alors de rares concerts très attendus dans des œuvres choisies et approfondies avec au programme Mozart, Beethoven, Debussy, Bach ou Mahler.
Lucerne, Bologne[modifier | modifier le code]
En août 2003 il forme encore un orchestre, l’Orchestre du Festival de Lucerne à l’exemple d’Arturo Toscanini dans les années 1930, avec des instrumentistes des orchestres qu’il a souvent dirigés (les orchestres philharmoniques de Berlin, de Vienne), ses orchestres (l’Orchestre de chambre d’Europe, l’Orchestre de chambre Gustav Mahler) et aussi de grands solistes, redevenus modestes instrumentistes, il va donner la 2e symphonie de Gustav Mahler puis en 2004, Tristan et Isolde de Richard Wagner. Il poursuit son cycle Mahler, les années suivantes avec un égal succès et à partir de 2010, il en conduit une tournée des grandes capitales mondiales.
Son amour des compositeurs anciens va le pousser à être très respectueux des interprètes du baroque de la fin du xxe siècle, il dira son intérêt pour les interprétations des symphonies de Beethoven parNikolaus Harnoncourt. Il crée, dirige l’Orchestre Mozart de Bologne avec des instruments anciens, collaborant aussi avec son ami Giuliano Carmignola.
Sénateur à vie[modifier | modifier le code]
Il est nommé sénateur à vie par le président Giorgio Napolitano le , en même temps que Carlo Rubbia, Renzo Piano et Elena Cattaneo3.
Son art[modifier | modifier le code]
Son éthique musicale guide le choix d’œuvres rarement exécutées, de compositeurs de l’École de Vienne, d’Igor Stravinski, Béla Bartók, de plus contemporains tels Luigi Nono ou Wolfgang Rihm dans lesquelles il est à son summum de musicalité. Chef très estimé de ses musiciens, il est un accompagnateur attentionné qu’ils soient solistes ou chanteurs.
Avec son souci constant du respect de la partition, sa grande sensibilité, sa profonde musicalité et l’importante étendue de son répertoire (de Claudio Monteverdi à Pierre Boulez), son influence sur la nouvelle génération de chefs d’orchestre, font de Claudio Abbado un des grands chefs d’orchestre du xxe siècle. Sa personnalité attachante et son ouverture d’esprit se retrouvent dans ses interprétations marquées par l’intensité et la tension : la trame orchestrale tendue, se déroule inexorablement au paroxysme à des moments clés de l’œuvre et souvent au concert n’est rompue que par les applaudissements, parfois quelques longues secondes après la fin de la musiqueNa 1.
Citations[modifier | modifier le code]
- « Abbado n’est pas le meilleur chef, mais c’est le moins mauvais… » Friedrich Gulda.
- « Abbado avait toujours été un bon chef d’orchestre; quelles qu’en soient les raisons, il est dès lors devenu un génial musicien. » Renaud Machart4.
Discographie sélective[modifier | modifier le code]
Chef beaucoup plus inspiré par le concert, sa discographie est malgré tout d’une grande qualité ; il a toujours refusé les éditions faciles que lui suggérait sa principale maison d’édition : il faut privilégier les enregistrements de concerts ou parallèles à ceux-ci.
- Musiques inspirées par Friedrich Hölderlin ;
- Bach, la Passion selon Saint-Matthieu, BWV 244 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin ;
- Béla Bartók :
- les 1er et 2e concertos pour piano, avec Maurizio Pollini et l’Orchestre symphonique de Chicago,
- le Mandarin merveilleux, avec Orchestre symphonique de Londres ;
- Ludwig van Beethoven :
- les 3e, 4e et 5e (dit « L’empereur ») concertos pour piano avec Maurizio Pollini et l’Orchestre philharmonique de Berlin,
- la Musique sur Egmont de Goethe avec Bruno Ganz et l’Orchestre philharmonique de Berlin,
- la 3e symphonie dite « héroïque » avec l’Orchestre philharmonique de Berlin,
- la 7e symphonie avec l’Orchestre philharmonique de Berlin ou l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la 9e symphonie ;
- Alban Berg :
- Wozzeck avec le Chœur des Petits chanteurs de Vienne et l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la Lulu Suite, les Altenberg Lieder op.4 avec Margaret Price et l’Orchestre symphonique de Londres ;
- Berlioz, Te Deum op.22 avec l’Orchestre des jeunes de la Communauté européenne ;
- Bizet, Carmen avec Teresa Berganza, Plácido Domingo avec les Ambrosian singers et l’Orchestre symphonique de Londres ;
- Brahms :
- le 2e concerto pour piano avec Maurizio Pollini et l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la 2e symphonie avec l’Orchestre philharmonique de Berlin,
- la 3e symphonie avec l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde,
- la 1re sérénade avec l’Orchestre philharmonique de Berlin,
- Rinaldo, Schicksalslied avec les Ambrosian Singers et l’Orchestre new Philharmonia,
- 21 Danses hongroises avec l’Orchestre philharmonique de Vienne ;
- Bruckner :
- la 7e symphonie avec l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la 9e symphonie avec l’Orchestre philharmonique de Vienne ;
- Debussy, le Prélude à l’après-midi d’un faune, Trois Nocturnes (Nuages, Fêtes, Sirènes), Pelléas et Mélisande (suite), Emmanuel Pahud, le chœur de la radio de Berlin et l’Orchestre philharmonique de Berlin ;
- Dvořák, la 9e symphonie dite « Du nouveau monde » avec l’Orchestre philharmonique de Berlin ;
- Janáček, la Sinfonietta avec l’Orchestre symphonique de Londres ;
- Ligeti, Lontano, Atmosphères avec l’Orchestre philharmonique de Vienne ;
- Mahler :
- la 2e symphonie dite « Résurrection » avec le chœur Schönberg et l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la 4e symphonie avec l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la 6e symphonie avec l’Orchestre de Chicago,
- la 9e symphonie avec l’Orchestre philharmonique de Berlin ;
- Mendelssohn, les 3e symphonie op.56 dite « écossaise », 4e symphonie op.90 dite « italienne » avec l’Orchestre symphonique de Londres ;
- Mozart :
- les Concertos pour piano K. 466 et K. 467 avec Friedrich Gulda et l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la Missa solemnis K. 139 (47a), dite « Waisenhaus-Messe » « Messe de l’orphelinat » en mémoire de Hans Swarowsky avec les chœurs de l’Opéra de Vienne et l’ l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- La flûte enchantée avec comme solistes Christoph Strehl et Erika Miklosa (2006),
- La grande messe en Ut mineur K.427 avec pour solistes Barbara Bonney et Arleen Auger (2003),
- Concerto pour flûte no 1 – Concerto pour flûte et harpe – Concerto pour clarinette, avec comme solistes Emmanuel Pahud et Sabine Meyer (2001) ;
- Moussorgsky :
- la Khowantschina avec les chœurs et l’Orchestre symphonique de Londres,
- Boris Godunov avec des chœurs divers et l’Orchestre philharmonique de Berlin ;
- Nono, Il canto sospeso avec les chœurs de la radio de Berlin et l’Orchestre philharmonique de Berlin ;
- Ravel, Daphnis et Chloé, Pavane pour une infante défunte avec les chœurs du Conservatoire de la Nouvelle-Angleterre et l’Orchestre symphonique de Boston ;
- Rossini :
- Il barbiere di Siviglia, le Barbier de Séville avec Teresa Berganza et l’Orchestre symphonique de Londres,
- Il viaggio a Reims avec le chœur philharmonique de Prague et l’Orchestre de chambre d’Europe ;
- Schönberg, les Gurre-Lieder avec les chœurs de l’Opéra de Vienne et l’ l’Orchestre philharmonique de Vienne ;
- Schubert :
- les œuvres symphoniques avec l’Orchestre de chambre d’Europe,
- la Messe D. 950 avec l’ l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- Fierrabras avec l’Orchestre de chambre d’Europe ;
- Schumann, les Scènes sur le Faust de Johann Wolfgang von Goethe avec solistes, chœurs et l’orchestre philharmonique de Berlin ;
- Stravinski, Le sacre du printemps, L’oiseau de feu, Pétrouchka avec l’orchestre symphonique de Londres ;
- Tchaïkovski :
- la 2e symphonie avec le New Philharmonia (Deutsche Grammophon, 1968),
- les 4e symphonie, 6e symphonie dite « pathétique » avec l’Orchestre philharmonique de Vienne,
- la 5e symphonie avec l’Orchestre symphonique de Londres ;
- Verdi :
- Falstaff avec l’Orchestre philharmonique de Berlin,
- Macbeth avec solistes, chœurs et l’Orchestre de la Scala de Milan,
- Simon Boccanegra avec solistes, chœurs et l’Orchestre de la Scala de Milan,
- la Messa di requiem avec solistes, chœurs et l’Orchestre de la Scala de Milan.
Il faut aussi noter les DVD/Bluray couvrant en particulier les concerts du Festival de Lucerne (Liste en évolution et croissance constante).
Notes[modifier | modifier le code]
- ↑ Écouter et regarder par exemple les 31 secondes de silence qui suivent la dernière note de la Messa di requiemde Verdi dirigée par lui, à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur (2001), et interprétée par le Berliner Philharmoniker, les choeurs « Eric Ericson Chamber Choir », « Orfeón Donostiarra », « Swedish Radio Chorus » et les solistes Angela Gheorghiu, Daniela Barcellona, Roberto Alagna, Julian Konstantinov (CD et DVD Live).
Références[modifier | modifier le code]
- ↑ Italie: le chef d’orchestre Claudio Abbado est mort [archive], L’Express, 20 janvier 2014
- ↑ (de)http://www.zeit.de/2013/26/interview-claudio-abbado-80-geburtstag [archive] ; traductionhttp://wanderer.blog.lemonde.fr/2013/06/28/une-interview-de-claudio-abbado-dans-die-zeit-20-juin-2013 [archive] S’il y a plusieurs sources, il s’agit d’un entretien du journal allemand Die Zeit le 20 juin 2013
- ↑ (it) Nominati Abbado, Cattaneo, Piano e Rubbia senatori a vita [archive]
- ↑ « Transfiguration » [archive], Le Monde, 6 mars 2013.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation •Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Institut central pour le registre unique • Bibliothèque nationale de la Diète • WorldCat
- (de) Claudio Abbado, Die Anderen in der Stille hören [Entendre les autres dans le silence], avec Frithjof Hager, Suhrkamp Verlag, Francfort-sur-le-Main, 2000, (ISBN 3-518-39662-5) : Livre d’entretiens, incluant également des photographies et une discographie.
Liens externes[modifier | modifier le code]
- (it)(en)(de)(fr) Club Abbadiani Itineranti, site des amis du chef, avec notamment actualité et discographies
- (fr) Biographie de Claudio Abbado sur le site de France Musique
- (en) Actualité et enregistrements d’Abbado sur le site de la Deutsche Grammophon Gesellschaft, sa maison de disques
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- Lauréat du Praemium Imperiale
- Naissance en 1933
- Naissance à Milan
- Sénateur à vie italien
- Sénateur de la dix-septième législature de la République italienne
- Juin 1933
- Étudiant de l’académie de musique et d’arts du spectacle de Vienne
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- Décès à Bologne
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