LEILA BEKTI et KHEIRON
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NOUS TROIS OU RIEN
Un film écrit et réalisé par KHEIRON
Avec KHEIRON, Leïla BEKHTI,
Gérard DARMON, Zabou BREITMAN, Alexandre ASTIER,
Michel VUILLERMOZ de la comédie française
Une production ADAMA PICTURES, GAUMONT & M6
SORTIE LE 4 NOVEMBRE 2015
Durée du film : 1h42
D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.
Avant-Première de ” Nous trois ou rien ”
sortie pour le 5 Novembre 2015
Photo de Jean Paul ” Guerrier ” Bellanger
ENTRETIEN AVEC KHEIRON
NOUS TROIS OU RIEN est une magnifique déclaration d’amour à vos parents. Quand et comment en avez-vous eu l’idée ?
Kheiron : Leur parcours m’a toujours inspiré et je me suis dit qu’il fallait partager leur histoire car j’étais certain qu’elle pourrait inspirer d’autres personnes. Avec NOUS TROIS OU RIEN, j’ai eu envie de les prêter le temps d’un film. Je suis un passionné d’écriture depuis toujours. J’ai commencé vers 12 ans, d’abord par le biais du rap et la poésie. Puis, grâce au Studio-théâtre de Stains, j’ai pu pratiquer l’impro qui m’a amené petit à petit vers le stand up. Et ces diverses expériences m’ont permis d’avoir à ma disposition des types de supports très différents pour les histoires que j’ai envie de raconter. Ainsi, par exemple, dans mon one man show, je n’ai jamais évoqué ma famille car je considérais ce sujet trop complexe pour le traiter sous cette forme. Mais j’ai toujours eu en tête que, si on m’offrait un jour l’occasion de faire du cinéma, ce récit familial constituerait la matière idéale pour un film.
Et comment cette idée de film est-elle devenue réalité ?
Kheiron : Quand mon spectacle a commencé à rencontrer son public, des producteurs de cinéma sont venus vers moi pour savoir si je n’avais pas eu une idée de film en tête. Et l’envie de raconter l’histoire de mes parents m’est venue naturellement. On était alors à l’été 2013.
Pourquoi avoir choisi de collaborer avec le producteur Simon Istolainen ?
Kheiron : J’avais rencontré Simon sur LES GAMINS qu’il produisait et dans lequel je tenais un petit rôle. Le courant était vraiment bien passé entre nous. Alors, je lui ai spontanément parlé de mon idée et il m’a tout de suite montré son intérêt. Simon a une vision d’ensemble assez impressionnante et il a été, dès la minute où j’ai évoqué l’idée du film jusqu’au dernier jour de montage, le partenaire idéal car complètement en adéquation avec l’esprit du film. Je me suis donc lancé dans l’écriture et, très vite, je lui a fait lire les premières pages et on a commencé à chercher ensemble l’interprète idéale pour jouer le rôle de ma mère. Et on est tombé d’accord sur Leïla Bekhti.
Pourquoi elle ?
Kheiron : Pour ce rôle, je souhaitais une actrice à la fois populaire et respectée dans le métier. Mais aussi quelqu’un qui puisse être crédible quand elle s’énerve et totalement à l’aise dans les dialogues comiques. Or Leïla réunissait tous ces aspects-là. Cela m’a sauté aux yeux en tombant sur une interview d’elle à la télé. Mais c’est seulement pendant le tournage que j’ai réalisé à quel point Leila allait surpasser mes attentes. Sa palette de jeu est infinie, dans l’émotion comme le rire. Elle a un timing comique digne des plus grands humoristes et sa capacité d’analyse mêlée à sa vitesse d’exécution m’ont fait gagner beaucoup de temps. Elle a réussi à me surprendre plus d’une fois. Sincèrement je n’avais aucun plan B. Si elle m’avait dit non, je ne sais absolument pas à qui j’aurais pu faire appel. Et c’est drôle car, assez vite, j’ai découvert à quel point ma mère et Leïla se ressemblent. Elles ont notamment en commun une vraie grande mauvaise foi. (rires)
A-t-elle été simple à convaincre ?
Kheiron : En prétentieux fini, je l’avais appelée pour lui dire que j’avais le plus beau rôle de sa carrière à lui proposer mais qu’elle devait voir mon spectacle d’abord. (rires) Elle a accepté de venir et, dès le lendemain, je lui ai fait lire les 7 premières pages que j’avais écrites mais en restant face à elle pour observer ses réactions. Elle m’a tout de suite fait part de son envie de faire le film et je me souviens lui avoir répondu : « OK, alors maintenant, je vais l’écrire ! » (rires) Dans son esprit, elle a sans doute pensé qu’on ne tournerait pas avant deux ans. Mais moi, je voulais aller vite. Mon spectacle s’arrêtait au printemps et j’avais donc mon été suivant libre pour tourner. J’ai donc mis les bouchées doubles. J’ai rendu mon scénario en décembre, Leïla m’a donné son accord dans la foulée et Simon a réuni les financements en quatre jours. Les planètes se sont parfaitement alignées
Comment avez-vous fait pour écrire aussi rapidement ?
Kheiron : J’avais une idée très précise de ce que je voulais : un film à la fois très personnel et universel. Alors, j’ai commencé tout simplement par interviewer mes parents pour connaître les moindres détails et les faits les plus saillants de cette aventure qui les a conduits à fuir l’Iran pour la France avec moi. Et je me suis servi de cette réalité pour écrire mon scénario, en tentant de ne jamais me noyer dans la masse d’éléments que j’avais accumulés. Pour cela, il a été indispensable de faire des choix et de m’y tenir. Il était par exemple évident, au vu du destin de mes parents, que je ne pourrai pas faire l’impasse sur les thématiques politiques. Je me devais d’expliquer la situation en Iran sous le Shah puis Khomeiny. Mais j’ai choisi de ne pas rentrer dans les détails. Car il n’a jamais été question pour moi de faire un film politique. La politique infuse simplement dans le récit et mon travail de scénariste a consisté à jouer en permanence avec cette réalité. En m’arrangeant parfois avec elle mais avec le souci permanent que tout reste véridique. Puis, une fois mon scénario terminé, je l’ai fait lire à une quarantaine de personnes en observant là encore leurs réactions, en prenant des notes puis en venant les interroger sur les raisons pour lesquelles ils n’avaient pas ri à tel ou tel moment. J’ai pu ainsi optimiser ce travail d’écriture au maximum avant d’arriver sur le plateau.
Il était évident pour vous dès le départ que vous incarneriez votre père à l’écran ?
Kheiron : Oui. A la fois symboliquement pour aller au bout de l’histoire mais aussi plus prosaïquement car je savais que tenir le premier rôle de ce film-là allait me permettre de me positionner comme comédien pour la suite.
Et comment avez- vous appréhendé le fait de jouer tout en dirigeant des comédiens et une équipe technique et ce pour votre première expérience derrière la caméra ?
Kheiron : Ce film fut un challenge à tous les niveaux. En tant qu’auteur, réalisateur et donc bien évidemment comédien. Mais j’ai pu bénéficier de l’expérience que m’a apportée mon spectacle. Sur scène, je fais énormément d’improvisation et aucun soir ne ressemble à un autre. Du coup, à chaque représentation, j’ai habitué mon cerveau à être en même temps auteur, metteur en scène et acteur. Et sur le plateau, pendant que je jouais, j’ai pu de la même manière le diviser pour deux, une partie concentrée sur mes comédiens et l’autre sur mon jeu. Mais sans cette expérience de la scène, je n’en aurais jamais été capable.
Pourquoi avoir choisi Gérard Darmon et Zabou Breitman pour incarner vos grands parents à l’écran ?
Kheiron : Gérard fut une évidence. Pour ce personnage, il me fallait un acteur possédant un vrai tempo comique et capable en même temps d’être extrêmement touchant. Or Gérard sait manier les deux à la perfection, avec une rare intelligence de jeu. Quant au rôle de sa femme, on a un peu plus galéré car, là, aucun nom ne s’est imposé d’emblée. Et puis, un jour, Simon m’a parlé de Zabou. Et cette suggestion fut un déclic. Je savais que le couple fonctionnerait parfaitement avec Gérard.
A travers elle mais aussi évidemment votre mère, on sent chez vous un appétit pour les personnages féminins forts…
Kheiron : Je suis un féministe. Et il n’y a, en effet, aucune femme faible dans NOUS TROIS OU RIEN. Ce type de personnage m’ennuie et, bien plus encore, me révolte car je n’en connais aucune. On peut faire taire les femmes par la violence mais leur force reste intacte. Dans mon cas d’ailleurs, c’est ma mère et non mon père qui a décidé d’emmener l’enfant que j’étais avec eux dans ce périple.
Et comment avez-vous créé la bande qui les entoure au moment de leur lutte pour la révolution en Iran ?
Kheiron : Je souhaitais qu’Alexandre Astier fasse partie de cette aventure car c’est un pur génie comique à mes yeux. Et, pour les autres, on a procédé par un casting tout ce qu’il y a de plus classique. Et là, pour ne citer qu’eux, Sébastien Houbani nous a bluffés par sa sensibilité, Khereddine Ennasri par son humanité associée à une vraie fragilité, Jonathan Cohen par son charisme et son intelligence et Camelia Jordana s’est imposée magnifiquement face aux 15 comédiennes que nous avons auditionnées pour le rôle. Et, grâce à eux mais aussi à tous les comédiens présents dans la partie française du film – dont Michel Vuillermoz, Carole Franck ou Eriq Ebouaney – on a créé une vraie bande d’amis sur le plateau. Très naturellement, sans chercher à le faire à tout prix.
Quel directeur d’acteur êtes-vous ?
Kheiron : Je sais avec précision ce que je veux et je me montre très directif. Car je connaissais chaque personnage dans les moindres détails. Mais je laisse toujours la chance aux comédiens de me surprendre. S’ils me proposent mieux que ce à quoi j’avais pensé, je m’adapte dans la seconde. Mais si je trouve mon idée meilleure, je ne lâche jamais l’affaire.
Vous débutez très fort d’emblée en distillant de la comédie dans les scènes où votre père se retrouve prisonnier dans les geôles iraniennes…
Kheiron : C’était un autre des challenges que je tenais à relever avec ce film. Car il ne faut jamais oublier que, placés dans des situations aussi tragiques et angoissantes, les gens usent du rire comme une arme d’auto- défense. Ceux et celles qui ont subi ce genre traumatisme sont les premiers à en rire. Ce sont les autres qui s’en offusquent, jamais eux…
Voir Alexandre Astier incarner le Shah d’Iran donne d’ailleurs d’emblée le ton que vous décrivez…
Kheiron : Oui sa présence dans ce rôle permet de comprendre d’emblée qu’on se situe dans l’univers d’un conte inspiré d’histoires véridiques. Et NOUS TROIS OU RIEN évolue sur ce fil ténu, avec un dosage à respecter de bout en bout. Mais si j’ai pu y parvenir, je le dois au soutien d’une équipe épatante. Des gens extrêmement compétents mais aussi superbement humains. J’ai choisi Richard Rousseau qui travaille habituellement avec Jacques Audiard comme directeur du casting pour son talent à dénicher des têtes qu’on n’a pas beaucoup vues. Le chef décorateur Stanislas Reydellet avait travaillé sur LA MOME et est arrivé avec mille idées. Karen Muller Serreau avait signé les costumes des GAMINS et j’avais adoré son travail. Anny Danché ma monteuse m’a également épaté sur le travail qu’elle a fourni sur LES INFIDELES et 99 FRANCS. Quant à mon directeur de la photo Jean-François Hensgens, il avait signé la lumière de films à l’atmosphère aussi différente que BANLIEUE 13 et DIKKENEK.
Et comment avez-vous créée ensemble la photo du film ?
Kheiron : J’avais envie et besoin d’un directeur de la photo capable sur le plateau d’improvisation sans jamais sacrifier la beauté de la lumière. Et le travail de Jean-François est allé au- delà de mes espérances. Nous souhaitions une image très contrastées et très dense avec des vrais noirs, à l’inverse des codes habituels de comédies, où tout est généralement très éclairé et manque de profondeur. Or, pour moi, seul importait ici que les visages soient éclairés pour bien lire les expressions sur les scènes de comédie. Et cette même logique a prévalu pour la deuxième partie qui se situe à Stains.
Aviez-vous en tête un parti pris particulier dans cette représentation de la banlieue à l’écran ?
Kheiron : Mon but n’était pas de faire un remake de LA HAINE. Mais, pour autant, j’avais conscience de ne pas arriver sur un terrain cinématographique vierge. J’ai simplement choisi ici de montrer la banlieue avec le regard de mon père pour qui la violence qui peut y exister n’a rien à voir avec ce qu’il avait pu vivre dans les prisons iraniennes. J’avais en tout cas cette volonté essentielle de mise en perspective. Enfant, je me souviens vraiment de mon père comme d’un homme doté d’un calme et d’un recul impressionnants. Y compris quand on brûlait sa voiture ou qu’il se retrouvait menacé par une Kalachnikov. Voilà pourquoi j’ai construit cette partie à Stains comme le pur prolongement des moments vécus en Iran où mon père va vite comprendre que sur place, le challenge humain est bien plus compliqué que le challenge financier par manque de dialogue et d’entraide.
Avez-vous ressenti une responsabilité particulière par rapport à votre père, votre mère et leurs compagnons de route en Iran comme à Stains tout au long de la confection de ce film ?
Kheiron : Pour me protéger sans doute, j’ai toujours pensé en me lançant dans ce projet que je savais mieux que mes parents ce qui serait bien pour le film. Je devais donc passer à chaque fois outre les erreurs dans les détails des événements dès lors qu’elles ne gênaient pas l’intrigue. Ce qui comptait c’était de ne rien inventer et de ne pas mentir sur l’essentiel. Voilà tout.
Et comment avez-vous travaillé sur la musique ?
Kheiron : En échangeant des morceaux avec Simon, qui est un passionné de musique, du premier jour d’écriture au dernier jour de montage. Et sur le plateau, quand la musique était choisie, on la mettait à fond lors des scènes pour donner du rythme. Elle a vraiment fait partie intégrante du processus de création de ce film.
Quelle est la plus grande différence au final, selon vous, entre votre one man show et ce film ?
Kheiron : Une partie de mon spectacle est vraiment basée sur l’humour noir avec des blagues en dessous de la ceinture, d’autres ethniques d’autres absurdes. Mais ce film est pour mes parents donc je le voulais tout public, sans une once de vulgarité. Je voulais qu’ils en soient fiers et qu’il soit à leur image.
Et comment ont-ils réagi ?
Kheiron : Heureusement qu’ils avaient lu le scénario sans quoi ils n’auraient sans doute pas pu gérer leurs émotions lors de la première projection. Car soudain mes images et cette fiction les ont replongés dans des souvenirs violents et douloureux. Ils ont d’ailleurs beaucoup pleuré simplement en regardant les rushes…
L’humanité qui se dégage de ce film est ce dont vous êtes le plus fier ?
Kheiron : Oui ce film parle de la famille « réelle » et de celle qu’on se crée et qui vous porte au quotidien. En Iran comme en France, mes parents ont rencontré des personnalités hors du commun. Réaliser ce film était une manière de leur rendre aussi hommage.